Quelle est l’histoire du musée ?
Le
musée de la Romanité, inauguré en 2018, succède au musée archéologique
de Nîmes situé au collège des Jésuites, qui abritait à la fois un musée
archéologique depuis le 19e siècle et un musée d’histoire naturelle qui y
est demeuré.
Depuis plusieurs années, s’amplifiait le décalage entre la présentation
des collections archéologiques dans ce musée et l’identité antique
nîmoise, certes très ancrée sur les monuments, mais qui appelait à une
remise en valeur des collections archéologiques de la ville. L’élément
déclencheur s’opère lors des fouilles du parking Jean Jaurès en
2006-2007, un chantier gigantesque de plus de 400 m de long, 6000 m² qui
dévoile des découvertes archéologiques extrêmement riches, une domus
(maison romaine) et deux mosaïques dont une exceptionnellement conservée
de 35 m², la mosaïque de Penthée.
Datée du 2e siècle (après J.-C.) elle est dans un état de
conservation rare, nullement déformée et quasiment intacte. De plus,
elle représente une iconographie qu’on ne connaît sur aucune autre
mosaïque, la mise à mort de Penthée, roi de Thèbes, par sa mère Agavé.
Cette découverte participe à la décision des instances politiques de la
ville à créer un grand musée pour remettre en valeur les anciennes
collections archéologiques et montrer au public les récentes
découvertes, en particulier cette « Joconde », la mosaïque de Penthée.
Architecture contemporaine et amphithéâtre romain : un dialogue rafraîchissant !
La ville de Nîmes a fait le choix d’un musée ex nihilo et en a confié l'architecture à Elisabeth de Portzamparc. C’est
une des approches caractéristiques de la politique culturelle de la
ville, faire se confronter aux grands monuments de l’antiquité, des
architectures nouvelles, comme c’est déjà le cas avec Carré d’Art de
l’architecte Norman Foster face à la Maison Carrée. L’idée était d’avoir
un geste architectural fort mais un bâtiment qui reste un peu discret
et ne prenne pas le dessus sur l’amphithéâtre tout à côté. L’autre
volonté a été de prendre le musée comme pivot, point de vue depuis
lequel on puisse regarder le patrimoine nîmois. Ceci s’est traduit par
une grande terrasse panoramique, le « roof top » qui vous permet de voir
les arènes d’un angle inédit, mais également la tour Magne.
L’architecte a dû aussi s’adapter à l’îlot très contraignant qui lui
était donné, obligeant le musée à s’échelonner sur trois niveaux, puis
ensuite à l’habiller. A l’origine le projet proposait une sorte de toge
qui enveloppait le musée, en référence à l’Antiquité. Finalement, cette
toge a été gardée et même augmentée avec ce petit « facettage », une
mosaïque de petits carrés de verre, clin d’œil aux chefs-d’œuvre des
collections.
Quelle est l’identité du musée de la Romanité ?
Le musée de la Romanité de Nîmes, le musée d’Arles Antique et NarboVia à
Narbonne sont assez proches et en même temps très complémentaires, car
ils ne parlent pas d’archéologie de la même manière. Le parcours de la
Romanité propose une vision très archéologique du musée et de ses
œuvres, en essayant toujours de les contextualiser non seulement sur le
plan des provenances mais en les replaçant dans l’histoire de
l’archéologie à Nîmes. Si le musée d’Arles Antique est consacré aux
fouilles d’Arles, le musée de la Romanité est davantage le musée de la
cité antique nîmoise au sens de l’intégralité de son territoire, le
Languedoc oriental de par les éléments provenant d’anciens oppida
constitutifs de la cité antique nîmoise mais aussi par l’ampleur de la
période chronologique couverte, de l’âge du Fer à la redécouverte de
l’Antiquité au 18e siècle, en passant par l’époque romaine, la romanité
d’empire et le Moyen Âge. 25 siècles !
On reçoit entre 130 et 150.000 visiteurs par an, dont beaucoup
d’étrangers durant la période estivale. Trois types de publics se
succèdent, un gros public scolaire, un public touristique lors de la
période estivale et bien sûr un public local, issu de la ville de Nîmes
mais plus largement du Gard, de l’Hérault et des Bouches-du-Rhône.
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