Le regard
de Joëlle Arches,
conservatrice du patrimoine en chef,
directrice du Musée Goya de Castres
Interview de Catherine Cupillard
Quelle est l’histoire du musée ?
C’est en 1840 que s’ouvre le musée de Castres dans une salle de l’ancien
palais épiscopal de Castres, un bâtiment édifié au 17e siècle, très
représentatif de l’architecture classique en Occitanie, avec sa
construction très géométrique, symétrique, un bâtiment en U donnant
d’une part sur une cour intérieure et de l’autre sur un jardin à la
française, symboles de l’époque versaillaise. C’est alors un musée de
province avec très peu d’œuvres qui regroupe des peintres français
plutôt régionaux et qui, grâce aux donations, s’étoffe avec des
collections d’histoire naturelle, de beaux-arts, d’objets en faïence et
de mobilier.
1894 sera l’année d’une seconde naissance
avec l’arrivée du legs exceptionnel de la famille Briguiboul qui donne à
la ville de Castres environ 80 œuvres
dont trois de Goya, « La Junte des Philippines », « L’autoportrait aux
lunettes » et « Le Portrait de Francisco del Mazo ». En 1947, le
conservateur Gaston Poulain rebaptise le musée, en lui ajoutant le nom
Goya, décidant alors d’orienter désormais ses collections vers l’art
hispanique.
En 2023, après une période de trois ans de
travaux de rénovation complète, d’agrandissement et de réorganisation
intérieure des collections, le musée avec ses 500 œuvres (sur les 5000
en sa possession) occupe désormais plus de la moitié de l’ancien
épiscopat.
Qui était Marcel Briguiboul (1837-1892) ?
Il appartient à une longue lignée de commerçants très aisés de Castres.
En s’installant en Espagne avec sa famille, il est subjugué par l’art
espagnol. En 1881, il achète à Madrid les trois œuvres de Goya qu’il
rapporte en France, alors que Goya n’y est pas encore apprécié à sa
juste valeur. Lui-même est un artiste, un peu méconnu. Ses œuvres -
tableaux, dessins, gravures et plusieurs sculptures - ont été léguées à
la ville par son fils Pierre et sa veuve Valentine ainsi que la villa du
couple, siège aujourd’hui de l’école des Beaux-Arts de Castres.
Lire la suite
|
|